J’ai trouvé cette légende en recherchant de la documentation sur les Aborigènes d’Australie la plus anciennes culture humaine, au moins 50 000 ans, qui sera le cadre d'un futur conte de la collection « C’est l'histoire de… ». le conte présenté ici a été recueilli par Katie Langloh Parker à la fin du XIXe siècle auprès des femmes aborigènes. Vous pouvez en trouver d’autres dans :
Femmes de la nuits des temps, Mythes des Aborigènes d’Australie, Recueillis par Katie Langloh Parker et commentés par Johanna Lambert, Éditions AMRITA, 1996, Plazac, France.

Illustrateurs, dessinateurs, peintres, photographes, si comme moi, ce conte vous amuse et vous inspire, n’hésitez pas.

Adressez moi vos œuvres à mon adresse :

 

 

 

 

 

 

 

Piggie Billah, le porc-épic

Légende des Aborigènes d’Australie

 

Un jour, un homme et une femme allèrent chasser. Après s’être procuré toute la nourriture désirée, ils se mirent en route en direction du campement. En chemin, ils trouvèrent un grand arbre, un Noongah, mort. Ils virent sortirent de l’écorce des bargulleans, une variété de larves que l’on peut manger.

L’homme dit qu’il allait en prendre quelques une. Il prit son willahderh (grand tomahawk) et commença à fendre l’écorce. Sa femme, qui était encore très jeune, s’assit près de lui.

« Écarte-toi, dit-il, je pourrais te faire mal. »

Il continua à frapper, mais s’arrêta vite à nouveau pour l’avertir.

« Écarte-toi. »

« Il n’y a pas de problème », et elle continua à manger les larves qui tombaient à côté d’elle. L’homme donna un dernier coup, plus fort que les autres mais le willahderh lui échappa de la main et alla frapper sa femme en lui tranchant presque les seins.

Il pensa qu’elle allait mourir. Il lui dit qu’il devait se dépêcher de rejoindre le campement et de revenir avec son père et sa mère. Mais avant de partir, il l’amena au bord du ruisseau où il fit un coin d’ombre.

Ensuite il partit en courant. Elle remarqua, après son départ, que des bargulleans rampaient sur ses plaies. Elle se débrouilla pour se lever et se traîner jusqu’au ruisseau dans lequel, à la fois, elle lava et rafraîchit ses plaies puis rampa, épuisée, vers son abri.

Piggie Billah, une vieille femme, passa par là. Elle vit flotter sur l’eau quelques-unes de ses larves préférées.

« Comment mes bargulleans ont fait pour arriver jusqu’ici ? » demanda-t-elle.

Elle en ramassa quelques-unes puis alla au Noongah.

« Qui a bien pu écorcher mon arbre ? »

Elle regarda autour d’elle, retourna au ruisseau et le remonta jusqu’à ce qu’elle arrive à l’abri de la femme blessée. En la voyant, elle dit « Myjerh ! Que s’est-il passé ? »

« Mon mari a failli me tuer. Ce n’était pas son intention. Il est parti chercher mon père et ma mère pour qu’ils me voient avant que je meure. »

Tu ne mourras pas. Je vais te remettre sur pieds. »

Piggie Billah s’approcha d’elle et chanta une incantation de guérison tout en maintenant les seins blessés. Puis elle dit : « ça va aller. »

Immédiatement, la fille se sentit mieux ; la douleur était partie ; elle se sentit très vite comme s’il n’y avait jamais eu d’accident ; elle était vraiment bien. Mais en même temps elle fut prise de panique car elle se doutait bien que la vieille femme était une grande sorcière wirreenum.

« Reste ici, lui dit Piggie Billah, je vais chercher mon conebee (sac) et je reviens pour prendre soin de toi. »

 

Mais dès que Piggie Billah fut partie, la fille, qui avait retrouvé ses forces, ramena une bûche sous l’abri que son mari lui avait fait, la posa là où elle était allongée, la recouvrit de sa couverture d’opossum et courut à toutes jambes rejoindre sa tribu.

Une fois arrivée, elle raconta la manière dont elle avait été soignée, elle raconta également qu’elle avait eu peur de la vieille femme et qu’elle s’était enfuie avant son retour.

Sa tribu lui dit qu’elle avait eu raison d’avoir peur car si elle était restée, elle aurait très certainement été tuée. La vieille femme était Piggie Billah, une grande wirreenun qui punit de mort quiconque ose toucher son Noongah ou ses bargulleans.

Les membres de la tribu la prévinrent qu’elle n’était toujours pas à l’abri de la vengeance de la sorcière. Alors, ils lui donnèrent deux petits os pointus en lui disant qu’elle devait en faire. Ils dirent « Allonge-toi sur le dos, prend un os dans chaque main et quand Piggie Billah te dénichera comme elle le fera de toute façons, aveugle-la en lui plantant un os dans chaque œil. ».

Piggie Billah, armée de son bâton de sorcière, revint à l’endroit où elle avait laissé la fille qu’elle voulait effectivement tuer. Elle vit la bûche et pensa que c’était la fille qui dormait. Elle tenta de la traverser de son bâton mais, à sa grande surprise elle sentit quelque chose de dur. Elle frappa à nouveau… toujours la même résistance. Elle souleva la couverture et il n’y avait qu’une bûche !

Elle comprit alors qu’elle avait été victime d’une supercherie. Elle empoigna son bâton avec rage et se mit immédiatement à la recherche de la fille.

 

Elle atteignit le campement qu’elle arpentât silencieusement jusqu’à la trouver. Elle leva son bâton de mort, prête à l’enfoncer dans le corps de sa victime.

Mais avant même qu’elle eût le temps de frapper, la fille bondit et lui perça les deux yeux, la rendant impuissante à faire quoi que ce fût. Les membres de la tribu ne lui laissèrent pas le temps de récupérer, ils levèrent leurs lances en les pointant sur Piggie Billah qui, au moment où les armes la touchèrent, tomba à terre rapetissée et se transforma en porc-épic, un petit animal couvert de piquants en forment de lance et aux yeux enfoncés. Sous cette forme, la vieille sorcière se précipita hors du campement et fut rapidement hors de vue. Depuis ce jour-là, les porcs-épics sont connus sous le nom de Piggie Billah.